Agriculture : les conséquences d’un Frexit

La sortie de l’Europe et de l’Euro, un vrai séisme pour ceux qui vivent des métiers de l’agriculture et de la viticulture.

Les  sorties de l’Europe et de l’euro sont présentées par l’extrême droite et ses affidés comme un nouvel eldorado pour les entreprises françaises. Cette croyance est fondée sur l’idée que le repli national les protégera de la concurrence. En dehors de l’ignorance des échanges que font chaque entreprise avec les pays européens pour s’approvisionner en produits nécessaires à l’élaboration de leurs propres productions, c’est aussi oublier toutes celles qui font tout ou partie de leur chiffre d’affaires avec des pays qui eux-mêmes se protégeront par des droits de douanes. Le rétablissement des frontières accompagné par des taxes à l’importation se traduira immédiatement par le rétablissement de droits de douanes aux frontières des pays qui seront pénalisés par les décisions prises en France.

Les viticulteurs de notre région, les entreprises du négoce privé et les coopératives de notre région verraient immédiatement les prix des bouteilles proposées aux consommateurs des pays exclus augmenter d’au moins 30 %. Afin de résister à la concurrence des autres pays, ils n’auront plus qu’une chose à faire : baisser d’autant leurs prix pour parvenir à conserver leurs marchés. Qui paient ? Les viticulteurs, 1200 familles immédiatement pénalisées par une baisse de revenus comprise entre 20 et 40 %.

Dans le domaine de l’élevage, la majorité des animaux issus des exploitations d’élevage sont destinées au marché italien et pour une partie espagnole. Mêmes causes, mêmes effets : les animaux mâles âgés de 9 mois, les broutards, perdraient de 20 à 40 % de leur valeur. Dans des exploitations qui, depuis de nombreuses années, ont des difficultés à dégager des revenus positifs, ce serait une catastrophe. Et que deviendront les 800 millions d’euros d’aides européennes reçues aujourd’hui par les exploitations agricoles du département de Saône-et-Loire hors viticulture ?

Il faut que ceux qui regrettent à juste titre, la trop grande complexité administrative de l’Europe, sachent que le repli national leur coutera très cher, très très cher, très vite.

Même si les réglementations sont à faire évoluer, l’abandon de l’Europe et de l’Euro ne justifie pas le suicide.

Pierre TERRIER